L’exposition 2019 a pour but d’explorer différentes représentations du temps. L’idée est d’aborder le temps dans tous ses états et aussi de montrer que cette notion traverse les époques et les domaines artistiques.
QUESTIONNEMENT :
– Pourquoi montrer le temps qui passe ?
– Pourquoi chercher à « jouer » avec le temps ?
– Doit-on éprouver le temps pour le comprendre ?
Œuvres exposées dans l’eroa :
Prêts du Musée du dessin et de l’estampe originale, Gravelines, France.
Marc Ronet (1937-),
Paysage, tête de mort, 2010, gravure à pointe sèche, papier vélin, 23,7 x 29,8 cm.
Les sept gravures de Marc Ronet exposées dans l’eroa sont issues d’une série plus large composée de onze états. L’artiste représente dans un premier état l’esquisse de ce qui pourrait ressembler à un paysage forestier. Sur les gravures suivantes, Marc Ronet va noircir de plus en plus ce sous-bois et laisser peu à peu place à l’image d’un crâne humain.
Dans cette suite de gravures sur zinc, le spectateur (marcheur) s’avance dans l’image, il entre véritablement dans ce processus comme un parcours initiatique. Différentes lectures de l’image se succèdent, le motif se trouble. Le crâne se lit comme une apparition de plus en plus distincte.
L’artiste ancre son travail dans « l’Histoire ». Depuis l’antiquité, le motif du crâne fait partie de la représentation de la vanité. Marc Ronet s’approprie ce motif en le confrontant au temps de l’œuvre, à son effectuation. L’image se transforme et le temps devient un véritable matériau.
Crispin de Passe (1564-1637),
Senectus dolori, de la série Les quatre âges de la vie, 1596, gravure au burin, 16,6 x 12,2 cm.
Cette gravure représente la vieillesse. Cette image est composée de nombreux symboles qu’il faut décoder pour avoir accès au sens de la représentation. Un vieillard accoudé à un siège observe un tableau représentant une danse macabre où un pape est rattrapé comme tout mortel par la mort en dessous d’un dieu céleste tout puissant. Ce personnage est accompagné d’un faucheur. L’ensemble de la scène est survolé par un hibou et une chauve-souris. Sur la table où repose le tableau, un sablier est renversé. Cette vanité évoque la fragilité de la vie. Ce personnage principal magistralement assis comme sur un trône est rappelé comme n’importe quel humain à sa propre fin.
Jan Van de Velde II (1593-1641),
Mardi gras, matrice vers 1625, gravure, eau forte sur papier vergé, 22 x 17 cm.
Cette gravure fige sur le papier une scène de transition. L’artiste met en lumière un rite de passage, un moment important de l’année : le Mardi Gras.
Il s’agit d’un véritable arrêt sur image, un souvenir du temps qui passe représentant la danse de deux enfants devenant un véritable spectacle de rue. Cet exutoire collectif est ici représenté comme un moment de lueur en pleine période hivernale. Dans la composition de l’image, l’unique lanterne qui éclaire la scène montre bien l’aspect éphémère de ce moment de fête. La lumière, c’est-à-dire le papier qui n’a pas reçu d’encre, est localisée sur une petite parcelle à la droite de l’image. Ce papier non encré est entouré par un décor sombre, très noirci, redoublant le caractère éphémère et rare de cet instant de fête.