L’œuvre étant trop fragile pour être transportée, seule une affiche de l’exposition au musée des Beaux Art de Dunkerque est montrée aux élèves.
– « C’est un Prince ! »
– « Il est riche ! »
– « Il porte de beaux vêtements et des bijoux ! »
– « Ça doit être quelqu’un d’important. »
Sans connaître le titre de l’œuvre et l’époque, les élèves se font une fausse idée du personnage représenté. Ils ne parviennent pas d’emblée à décoder l’image, à repérer le collier de cuivre, à resituer le personnage et sa condition dans le contexte historique.
Ils se rendent finalement compte que Hyacinthe Rigaud, tout en faisant un portrait qui paraît très ressemblant, exerce sont point de vue en choisissant de peindre un magnifique portrait d’esclave qu’il élève au rang de Prince par le pouvoir de la représentation. Un élève lui donne la parole :
– « Ma couleur m’honore autant que mes habits, je suis esclave mais libre de mes pensées. »
Regard des élèves sur les comoriens de Phillipe Bazin
– « Ils racontent le racisme au quotidien. »
– « Ils souffrent de leur couleur de peau. »
– « C’est pas parce qu’on est noir qu’on n’a pas les mêmes droits que tout le monde. »
Il y a très peu d’élèves de couleur dans l’établissement, et ils ressentent d’emblée la vidéo comme un « message » contre le racisme. Ils sont touchés. Ce n’est que dans un second temps qu’ils comprennent le rapport avec l’œuvre de Rigaud. Certes la notion d’ »esclave moderne » vient sourdre de la vidéo, mais la démarche n’est-elle pas aussi et surtout de faire un portrait à notre époque, avec des outils actuels ? Un grand respect, une humanité, une sensibilité se dégage de ce portrait de groupe, en ce sens on se rapproche aussi du portrait de Rigaud.
Les élèves analysent…
Gaëtane Lheureux