Anastassia Elias – La Grande bouffée d’air – Collège Boris Vian – COUDEKERQUE-BRANCHE – mars 2016

Née en Russie en 1976, Anastassia Elias a suivi des études philologiques, puis journalistiques.

Installée en France en 2001 à Paris, elle s’est tournée vers l’illustration jeunesse. Elle est également connue pour ses “Rouleaux“ (depuis mai 2009) pour lesquels elle réutilise de vieux rouleaux de papier toilette pour recréer un mini-monde, ou des “remakes“ plein de poésie et de finesse.

Anastassia Elias est une artiste “touche-à-tout“ (peinture, collage, illustration…). Une des oeuvres empruntée s’appelle « La Grande bouffée d’air« , réalisée en 2010, pour l’exposition eroa « Fragile Résistance » au collège Boris Vian de Coudekerque-Branche.

L’artiste a réalisé une représentation de poumons, semblable à une toile d’araignée, à l’aide de ficelles et de fils. Les structures biologiques sont fascinantes et complexes à la fois, mais nous prêtons rarement attention aux organes contenus à l’intérieur de notre corps. Elle pose un regard original sur les organes humains, les transformant en une sculpture de fils. A travers cette installation, elle nous interpelle sur la fragilité de nos organes internes. L’artiste tente de comprendre la manière dont se construisent les motifs organiques, qui sont à la fois identiques et singuliers, quelle que soit l’échelle d’observation, que ce soit la vision d’ensemble ou microscopique. Anastassia Elias imite de manière intuitive des processus de construction du vivant. Petit à petit, ces actions répétées métamorphosent les surfaces et subliment le support. Un hommage au “travail invisible de la nature”, comme pour mieux nous faire prendre conscience de leur délicatesse et de leur préciosité, mais aussi de leur puissance. Cette image de poumons attrape dans ses filets les parfums et les humeurs. Anastassia Elias crée des réserves de temps. De manière contradictoire, perforer, découper ou ciseler une surface à l’extrême permettent de révéler et découvrir des qualités esthétiques. Cette oeuvre “illustrée en négatif“ incite à donner une valeur à un matériau du quotidien (la ficelle) et à rendre visible le vide ; un espace virtuel qui devient le motif et l’élément central de la composition.

Une série de collages déchirés et de collages au contours ont également été emprunté à l’artiste pour l’exposition eroa « Fragile Résistance« . Les dessins d’Anastassia Elias sortent du champ traditionnel, par l’emploi de divers matériaux notamment les papiers déchirés. Le papier déchiré n’est plus uniquement là pour représenter mais pour montrer directement le monde, auquel il emprunte des fragments.

Anastassia Elias nous propose un univers quotidien et parfois inattendu dans ses collages. L’artiste récupère des chutes de papiers auxquelles elle donne une seconde vie en réalisant des instants de vie quotidienne, des portraits… Ces portraits semblent construits avec de petites chutes de papier posées de-ci de-là, mais rien n’est fait au hasard, tout est bien pensé, afin de souligner les traits, les ombres, les lignes des visages.

Fanny Rougerie