Bernard Heidsieck – Cité Scolaire Emile Zola – WATTRELOS – juin 2016

L’exposition présentait un large ensemble d’œuvres de Bernard Heidsieck, poète visuel et sonore : deux collages originaux, des sérigraphies, deux grandes affiches destinés à des abris-bus,  un multiple tiré de Vaduz, le collage conservé à Beaubourg, des livres et des vidéos montrant Bernard Heidsieck lisant ses poèmes-partitions…

Au milieu des années 50, Bernard Heidsieck pensait que la poésie est morte, elle n’intéressait plus grand monde et il la trouvait moins innovante que ce qui se passait dans la musique ou en arts par exemple. Il va donc chercher à sortir le poème du livre et à inventer de nouvelles formes de poésie.

Pour cela, il va développer la dimension orale de sa poésie avec les « poésies-partitions »: ses poèmes sont destinés à être dits et non plus seulement lus. Proche de la démarche des nouveaux-réalistes, il va utiliser des tournures issues du langage courant dans ses poèmes.

Il va aussi s’appuyer sur les nouvelles technologies de l’époque, avec l’apparition de la bande magnétique et les enregistreurs, micros…. Au début, il utilisait la technique du cut up (couper et scotcher ses bandes) pour créer. Chez lui, la bande magnétique devient outil de création : dans ses lectures, il juxtaposait sa propre voix à son enregistrement. Avec l’apparition de machines permettant de dupliquer un enregistrement et de jouer deux bandes simultanément, il va utiliser deux bandes sonores décalées dans ses lectures.

Les poèmes-partitions présenteront alors  trois colonnes : celle de gauche pour la bande jouée à gauche, celle du centre dit en direct, celle de droite pour la bande jouée à droite.

Parallèlement à ses recherches sur la poésie sonore, Heidsieck  a aussi créé des œuvres plastiques à voir et à lire, où des morceaux de bandes magnétiques collés sont juxtaposés à son écriture manuscrite.

Les morceaux de bandes créent un jeu rythmique sur la feuille. La bande collée n’est plus jouable ni écoutable, elle contient donc une part de mystère.

Le texte manuscrit renvoie  à l’oralité par les tournures choisies, fourmille de jeux de mots et traduit souvent le fil de sa pensée.

Conférence

Le jeudi 12 Mai de 14h à 16h en salle polyvalente du lycée Emile Zola à Wattrelos, se déroule la conférence sur Bernard Heidsieck qui est un pionnier de la poésie sonore et de la lecture-performance . C’est avec peu d’intérêt que je me rends à cette dernière…

Mais, une fois cette conférence commencée, je prête de plus en plus attention, me surprenant moi-même à rigoler , apprécier certains moments , un mélange d’alternance sonore , de dialogue répétitif provoquant le malaise par moment , le rire dans d’autres.

On pourrait  se demander pourquoi un simple dialogue tournant comme un sample peut être considéré comme de l’art. C’est justement là que se porte toute mon attention.

En effet, au premier abord, nous pouvons penser à une blague mais NON : c’est justement cet enchainement, cette répétition PARFAITEMENT désorganisée et organisée à la fois qui provoque chez le spectateur tout une multitude de sensations.

N’avez-vous jamais écouté de la musique avec les deux écouteurs enfoncés dans les oreilles ? Cette sensation d’alternance de sons entre l’oreille droite et la gauche provoque chez vous un sentiment d’être en dehors du monde. Effectivement rien ne semble pouvoir vous déranger, c’est une sensation de bien-être.

Comme dans la musique, Bernard Heidsieck, nous montre sa capacité à provoquer les sentiments par le rythme et le son. Dans son poème Vaduz, ne trouvant pas quoi dire au départ, il énumère toutes les ethnies, répétant TOUT AUTOUR DE VADUZ , il démontre que, ce qui est important, ce n’est pas tant le contenu mais la création. »

Amélie Lerebourg

Ismaël, élève de 1e ES, Lycée Emile Zola, Wattrelos.

Cette conférence a été donnée par le galeriste David Ritzinger dans le cadre de l’exposition »La poésie sort du livre – Hommage à Bernard Heidsieck »du 2 au 22 mai 2016 à la cité scolaire Emile Zola de Wattrelos