La Chambre des Registres de David Droubaix sollicite d’autres sens que le simple regard, ceux-ci permettent de mieux saisir l’œuvre.
Pour notre deuxième eroa au collège Jules Ferry de Douai, nous avons souhaité donner plus de corps aux observations des élèves.
Il était intéressant d’aborder la question de l’esclavage au XVIIIe siècle en 4e sous un autre jour. En effet, le manuel ou le tableau numérique constituent bien souvent les seuls documents disponibles à l’expérience des questionnements des élèves. Quel impact une petite vignette peut-elle alors avoir à propos d’une telle tragédie?
Il était donc important de les questionner sur les ressentis du corps face à une œuvre. La Chambre des registres est une installation de David Droubaix qui relate l’histoire de la culture du café du XVIIIe siècle à nos jours. Alors qu’il est originaire d’Afrique, le café a été « exporté » vers les Amériques pour y être cultivé par des esclaves. Drôle de destinée pour une boisson servie dans les salons littéraires, salons qui discutent souvent de notions comme la Liberté. Si la Chambre des registres évoque la mémoire sombre, elle évoque aussi l’actualité à savoir la libre circulation des marchandises mondialisées et la difficulté croissante des migrations à travers le monde. Le café est très symbolique de cette situation paradoxale.
Un dispositif assez simple a été employé par l’artiste, mais il est redoutablement efficace: trois éléments sont employés pour questionner le spectateur sur le café qu’il boit chaque matin: un bureau recouvert d’une plaque de métal destiné à recevoir le café quotidiennement. Enfin une lampe éclaire la scène tout en diffusant l’odeur du café à travers la pièce. Lors de leur visite, les élèves ont ressenti cette double sensation d’attirance et de répulsion. Le parfum du café nous enivre, tandis que l’aspect massif du bureau en bois, la pénombre et la lampe braquée sur le café refroidissent cette sensation. La mise à distance est soulignée par le cercle de moquette au sol.