Erik Chevalier –  » feu sacré, force vive »- Collège Rosa Parks – ROUBAIX – avril 2009

 » Feu sacré, force vive « est l’aboutissement de six semaines de travail commun entre le vidéaste Erik Chevalier et les élèves d’une classe de sixième du collège A. Samain de Roubaix que les visiteurs ont pu admirer lundi 06 avril par le goulot d’une bouteille.

Pendant six semaines, les élèves sont donc devenus vidéastes. Ils ont rédigé le story-board , filmé, enregistré le son et se sont donc essayés aux différentes étapes de la vidéo création.

Les élèves ont utilisé le dispositif d’une œuvre d’Erik Chevalier pour diffuser au public leur vidéo : une bouteille sur une table basse. Le visiteur qui s’est penché sur ce travail a pu admirer la création des artistes en herbe sur le thème du rond et d’Alice aux pays des merveilles. Ce dernier thème était déjà utilisé par le vidéaste dans son œuvre So faraway so close.

Deux œuvres d’Erik Chevalier ont accompagné celle des sixièmes : Défend/Défendre et Feu sacré, Force vive.

“Feu sacré – Force vive » 2008 vidéo installation, voiture aux vitres opacifiées et projections vidéo.

Dans la rue exposée, une voiture flambe, sans extinction possible. Jamais privé d’oxygène, le foyer ne faiblit pas.

La fascination du feu reste intacte, identique depuis les “théâtres d’ombres” et “projections” pariétales premières “sources” de création.

Ici le feu, l’incendie de véhicule quitte la rubrique “faits-divers” pour investir le champ de l’esthétique.

Image médiatique, quantité statistique, usage politique font que, pour chacun de nous, cette installation est immédiatement identifiable ; sans pourtant l’avoir vécu dans sa réalité à défaut d’être un habitant de banlieues (et parfois également propriétaire du véhicule) par trop stigmatisé.

Déplacé le feu, s’il reste spectaculaire à l’instar de ce que recherchent les incendiaires, il prend ici une autre dimension. Flamme entretenue, il en devient “feu sacré” Presque mémorial, déclassant la lecture négative initiale ;

Le feu choisi est de bois comme la bande son nous le laisse entendre, ce qui lui donne une chaleur, une valeur de rassemblement mais peut également nous renvoyer à l’image du bûcher. Là ou les vitres explosent dans l’incendie réel ou l’odeur âcre des matières synthétiques et pétrochimiques nous interdit toute contemplation ; ici à l’inverse les vitres écrans de projection, nous invitent à réflexion. L’œuvre pouvant même devenir, dans l’espace public, objet de médiation face aux incendiaires, la montée d’adrénaline retombée.

“ Defend /Défendre” 2005 – 2006 vidéo installation, dispositif de projection vidéo motorisé.

(Œuvre crée in situ pour le château de Deal, Kent. Royaume-Uni)

Dans nos sociétés européennes sensiblement pacifiées, que défendons-nous ? Que scrutons-nous ? Qu’attendons nous de l’adversaire ? Comment voyons nous l’autre ?

A ces questions Erik Chevalier propose une œuvre balayant notre champ de vision et épousant l’architecture (murs d’enceintes circulaires) du château de Deal, lieu ou l’attente fut certainement plus longue que l’action de défense proprement dite.

Une projection vidéo en perpétuel mouvement giratoire nous donne à voir un ensemble de portraits immobiles, rythmés par la révolution du mouvement et leurs apparitions / disparitions :

une image spectrale dans des lieux chargés d’histoire, comme la rencontre des vestiges d’une défense avec l’idée contemporaine de défendre.

Une mise à distance, un maintien à distance des portraits entre eux, parfois antagonistes, nous interroge, simple spectateur sur notre propre liberté de circulation.

Braqués par les feux du projecteur, nous sommes également confrontés à notre propre état de surveillance.

(extrait du fascicule de l’exposition, Deal Castle, summer 2005)

Feu sacré force vive était incontournable : une voiture en feu dans le hall d’un collège en a surpris plus d’un. Les premiers surpris ont été les élèves de troisième qui ont participé à l’installation de l’œuvre. Le débat qui a suivi était très animé ; ainsi, Erik Chevalier est bel et bien arrivé au résultat escompté : interroger l’œuvre d’art.