Hélène Marcos – Carnet de route – collège Lavoisier – Saint Saulve – octobre 2009

Le collège Lavoisier à Saint-Saulve accueillait une photographe : Hélène Marcoz.
L’artiste qui connaissait la région car elle avait été en résidence d’artiste à la M.A.J.T. à Lille Moulins à l’automne 2003.
Il a été convenu que dans un premier temps elle viendrait présenter son travail d’artistes à plusieurs groupes d’élèves du collège. Ce fut le cas le 1er avril où une matinée fut banalisée pour cet évènement. Hélène Marcoz a donc présenté ses œuvres sous forme de diaporama aux élèves présents qui, captivés par la variété des recherches de l’artiste ont pu dialoguer, donner leur point de vue, poser de nombreuses questions et faire des choix.

Il fut prévu qu’en juin, Hélène viendrait exposer ses œuvres et nous avons décidé de les faire travailler, ensemble.

L’installation de treize œuvres de grand format eut donc lieu le mercredi après-midi, un journaliste passa même lors de l’accrochage pour en informer le public. Et le lendemain, nous accueillions les élèves pour une longue journée de travail et d’échanges, lors d’une journée banalisée pour les élèves de sixième.
Le matin, prises de vue et photo-montages. A 12h30, nous avions les tirages des clichés pris le matin grâce au développement rapide et l’après-midi nous avions les moyens de réaliser nos assemblages.
Recherche de déplacements dans le temps : travaux d’élèves

En fin d’après-midi, nous installions les travaux d’élèves dans une salle prévue a cet effet à côté de celle de l’EROA.
Le travail était bouclé, il ne restait plus qu’à accueillir les personnes au vernissage.

Elèves et parents arrivent nombreux. C’est la conclusion d’une journée bien remplie.
Il ne reste plus qu’à présenter l’exposition d’Hélène Marcoz et parler de son travail d’artiste.
L’exposition a pour titre : « Photographie au quotidien ». Elle révèle au public treize photographies couleur de grand format. L’idée est de considérer la photographie dans le même sens que la sérigraphie, c’est-à-dire procéder par recouvrements, par couches d’impressions successives.
Le temps de pose général est donc divisé et la photographie finale est obtenue grâce à la sur-impression de ces différentes couches. Les photographies permettent ainsi d’imaginer que les sels d’argent s’oxydent à la vitesse d’un repas ou d’un coup de téléphone. Ces photographies mettent ainsi en scène plusieurs actions de la vie quotidienne.
L’artiste a choisi de présenter cet ensemble d’œuvres d’après les réactions des élèves lors de sa première intervention.

INTERVENTION D’ ARNAUD FERET A SAINT-SAULVE

ARNAUD FERET : « Mes anciens travaux étaient du ressort de la photographie, j’ utilisais ses supports et ses modalités de facture ; donc ses techniques de présentation : photos encadrées, accrochage, etc … L’image transmise était traitée par le code photographique, seuls l’éclairage et la composition étaient les outils vitaux préalables à sa facture.

Les nouveaux travaux ne se posent plus que la question de l’image, il n’utilise plus la photographie, ce sont des compositions , virgule des mises en scène, des \ »arrangements\ ». C’est de l’image sans support, sans contexte : autonome le temps de l’arrangement …

la figuration est le problème majeur, l’image seule m’intéresse, je l’épure de son attirail technique.

pour cette intervention j’ interprète le paysage par trois vues construites sur le \ »réel\ » extérieur du collège … trois \ »points de vues\ » dans la pénombre.

PROJET DES COLLEGIENS En nous promenant, nous voyons que « nous sommes entourés de choses que nous n’avons pas créées et qui ont une vie et une structure différentes des nôtres : les arbres, les fleurs, les prairies, les rivières, les colline, les nuages » (Kenneth Clark, l’Art du paysage).


La promenade est-elle une première intervention possible sur le paysage ?Quand nous prenons des photographies, c’est un peu des jalons, des repères qui restent comme émotions visuelles.
Comment choisis-tu le point de vue que tu vas dessiner, photographier ?
Réponse de Laura, élève de 4e : « Je recherche l’impression de profondeur, le chemin était large au premier plan »
Cette réponse nous amène à réfléchir selon le point de vue, le photographe paysager doit-il composer avec la perspective ? Le réalisme ou effet « ça-ressemble-vraiment » propre à l’image documentaire neutre n’est qu’un aspect de ce que nous pouvons ressentir. En observant le monde, les gens assimilent la perspective, la difficulté c’est de la reconstruire dans le cadre. La peinture transpose la réalité mais… la photographie également.
Le paysage est l’extérieur de soi, ce qui a toujours été et qui a la facilité déconcertante de rapidement revenir à l’état sauvage (sans l’intervention humaine).
Comment cadre-t-on une photographie de paysage ?
Manon, élève de 6e utilisant l’appareil de photographie numérique : « je préfère viser par l’œilleton que de cadrer par le petit écran télé. Quand Manon cadre, elle s’abstrait du reste du monde, elle décide d’éliminer ce qu’il y a autour.
C’est vrai que d’après les réflexions de Manon et de Laura, l’appareil photographie à travers le cadrage, la profondeur de champ se prête particulièrement à représentation « réaliste » et « objective » du paysage. Portant, la plupart des recherches photographiques actuelles s’inscrivent dans un travail sur la nature et celles du sujet.
Dans « Les raisons du paysage », Augustin Berque nous prouve que le paysage en soi n’existe pas mais ce n’est qu’à travers des lois encrées dans notre cerveau que l’environnement se transforme en paysage.
Déjà Cézanne, en face de la montagne Sainte-Victoire déclarait que le paysage est une chose mentale. Pour lui l’observation n’était qu’un petit élément parmi d’autres plus importants et capable de rendre l’idée du paysage.
Le paysage en temps que tel n’existe pas. Sans observateur, il n’y a pas de paysage. C’est une construction de l’œil, une invention de l’art. C’est la raison pour laquelle il est un miroir de la culture : la description et l’interprétation de ce que l’on appelle communément paysage reflètent les connaissances de l’artiste comme celles du spectateur. On peut l’envisager comme métaphore d’une forme de penser, d’une manière de vivre.

Marcel Payen