Hideyuki Ishibashi est né à Kobe, au Japon, en 1986, et vit actuellement à Paris.
Après des études de photographie à Nihon University College of Art, Hideyuki Ishibashi vient s’installer et travailler à Lille en 2011.
Son travail, qui s’exprime essentiellement à travers la photographie, a été présenté lors de nombreux événements et expositions personnelles et collectives en Asie et en Europe.
Dans le cadre de ses études au Fresnoy à Tourcoing, il a exposé son oeuvre Limen en 2017 (Panorama 19) et son oeuvre Macula en 2018 (Panorama 20).
Limen II est une installation créée spécifiquement pour l’exposition “Hasard et création, image et matérialité” organisée au collège Etienne Dolet de Provin en mars 2020. A la fois monumentale (plus de 7 mètres de longueur) et intimiste, d’une grande poésie. Le spectateur pénètre dans un monde d’images floues et mouvantes, dans lesquelles se mêle sa propre ombre.
Pour réaliser cette œuvre, l’artiste a assemblé des milliers de fragments d’images anciennes dégradées: il les a scannées et retravaillées numériquement pour essayer de les reconstituer à partir de son imagination, tout en laissant faire les hasards de la technique. L’assemblage numérique a été imprimé à la fois sur film transparent et sur papier de grandes dimensions.
Pour présenter le film transparent, l’artiste a réalisé un dispositif inspiré de la lanterne magique: le spectateur pénètre dans l’espace de l’oeuvre, plongé dans une semi-obscurité, et à mesure qu’il s’approche du film transparent des lumières s’allument et projettent les silhouettes présentes sur le film sur des panneaux de papier placés derrière. Le spectateur peut continuer sa déambulation dans l’oeuvre et c’est alors sa propre silhouette qui vient se mélanger de manière éphémère aux images évanescentes produites par le dispositif.
Le spectateur fait ainsi partie de l’œuvre, il doit y pénétrer pour qu’elle prenne vie.
“Le spectateur fait corps avec l’oeuvre” suivant la formule très juste trouvée par Sarah, une des élèves de 5eme médiateurs de l’exposition.
L’expérience que nous avons de cette œuvre est unique et sans cesse recommencée, au gré de nos mouvements et de la durée pendant laquelle nous demeurons à l’intérieur.
Le temps présent, l’ ici et maintenant, viennent se fondre au passé de ces images d’une autre époque, ainsi qu’à l’imaginaire hors du temps de l’artiste qui les a recomposées.
Le mot “Limen” vient du latin « seuil » et désigne en anglais une limite de perception consciente. Par exemple, une image subliminale est une image que notre cerveau perçoit de manière inconsciente.
Hideyuki Ishibashi parle ainsi de son oeuvre:
» Lors de ma recherche, j’ai collectionné des fragments qui disparaissent à cause de halos, de flous ou de dégradations et essayé de sauver les informations résiduelles. J’ai extrait de ces fragments des bruits et couleurs numériques qui habituellement gênent notre regard. En tricotant ces fragments réparés et ces bruits en patchwork, je réalise que ce que je rassemble sont des moments perdus plutôt qu’une image perdue.
Contrairement à l’usage qui veut que la photo soit « fixée » sur papier, j’ai voulu utiliser des ombres, et fixer l’image directement dans l’esprit des visiteurs. Ici, la photographie n’est pas fixée mais évanescente et c’est l’œil du visiteur qui procède à l’enregistrement.
Ce projet nous offre le temps de repenser notre relation avec la photographie à cette époque, à travers une question: Que signifie vraiment «être pris dans la photographie »? « .