Amener les élèves à s’interroger sur la construction de l’identité, avec ou contre les stéréotypes proposés par la société de consommation ; mais aussi par l’héritage culturel que nous transportons et la manière dont nous l’acceptons ou nous la refusons, en allant par exemple à la recherche d’autres cultures.
Nous remercions Michel Jocaille pour le prêt de ses œuvres : #BestHolidaysever,« #selfiemirror »,
son intervention auprès des élèves de 3e et le Frac Grand Large — Hauts-de-France pour le prêt de la vidéo de Javier Téllez, One Flew over the void (Bala perdida)
6ème Un masque qui rend visible !
La construction de notre identité en Occident s’élabore souvent par les masques que sont les stéréotypes véhiculés par la diffusion des images de la société de consommation. Au point que nous ne puissions plus vraiment repérer notre singularité à force de brouillage et d’emprunt aux images. Les #selfiemirror de Michel Jocaille représentent des « selfie » illisibles, comme prisonniers d’écrans mouvants qui convoquent les surfaces liquides du mythe de Narcisse, ou l’impossibilité de se percevoir, à cause des écrans agissant sur nous comme des masques. Cette fois, le masque est un écran occultant.
Dans « One Flew over the void (Bala perdida) », Téllez remet en question les frontières mentales et physiques que l’homme construit autour de lui. Cette vidéo présente dans un premier temps un carnaval joué par des malades psychiatriques avec lesquels l’artiste a travaillé pendant deux mois. Les patients défilent en revendiquant le droit à leurs différences sur des affiches : « Los enfermos mentales tambien somos seres humanos ». Le masque est utilisé comme une trait d’union entre ce qui est pensé comme étant la norme et ce qui ne le serait pas. Il tente d’unifier les mondes.
Séquence pédagogique : Les élèves réalisent un masque qui révèle quelque chose d’eux-mêmes : un caractère, une personne chère, un intérêt pour une cause à défendre, un loisir qui leur est indispensable…
Le choix des matériaux devra renforcer l’idée véhiculée par le masque. Il faudra insister sur la tridimensionnalité du masque pour lui donner un maximum de « présence ». Les notions de ressemblance et de vraisemblance seront mise en question.
5ème « Mise en scène d’un héros du quotidien »
Dans la vidéo de Téllez, la figure de l’Oncle Sam, personnification de l’Amérique est présente. Les mexicains vivent cette présence comme la promesse d’un monde idéalisé mais aussi comme celui d’un monde qui se replie sur lui-même en refermant ses frontières. Devant cette dualité, à qui peut-on s’identifier pour construire son identité et manifester ainsi sa singularité ? Se fabriquer un héros sur-mesure peut permettre de cultiver l’estime de soi pour l’élève ou pour traverser des moments qu’il ne comprend pas toujours. La parade des personnes souffrants d’un handicape mentale prend une forme héroïque en affirmant sa visibilité dans l’espace publique.
Séquence pédagogique : Les élèves mette en scène un héros du quotidien qui défend une cause importante à leur yeux. La mise en scène sera faite en deux dimensions et prendra la forme finale d’une animation en stop motion qui devra faire apparaître les notions de suspens et de hors-champs.
4ème « Mise en abîme»
Il est impossible de voir son propre visage à moins de passer par les miroirs, les écrans et autres appareils de capture du réel. L’image de soi est celle renvoyée par le biais des reflets et de la technologie, nous les incorporons dans la construction de notre identité. Comment construire une singularité à travers ces nombreux filtres qui uniformisent les individus ?
Séquence pédagogique :
Concevoir une séquence d’images dans laquelle l’élève se met en scène (ou met en scène l’image symbolique de la statue de la liberté) dans les multiples écrans des réseaux sociaux, tout en cherchant à révéler une part de singularité.
3ème « Autofiction : j’ai passé la frontière. »
Dans « #BestHolidaysever », Michel Jocaille explique : « Je ne suis pas parti en vacances pendant l’été 2014. Le seul moyen que j’ai trouvé pour m’échapper de ma condition, ne serait-ce qu’en plongeant dans un imaginaire nourri par les photos de voyage de mes amis facebook – que je «like», a été de m’offrir un tour du monde en prenant la pose dans un panorama d’une sélection de paysages idylliques. » A travers ces photomontages, l’artiste montre qui est désormais difficile de concevoir ce qui pourrait être étrange ou exotique tant l’Occident uniformise les espaces, les comportements, les tenues vestimentaires. Où est la part de singularité restante dans ces modèles très contraints ?
A quoi ressemble l’idée de l’ailleurs pour les élèves ?
Séquence pédagogique :
- En réempruntant des images trouvées sur internet, concevoir un montage d’images en utilisant les codes du montage (ellipse – flash-back – champ contre champ – raccords) qui crée une autofiction où l’élève imagine la mise en scène d’un passage de frontière : celle d’un pays, d’un état psychologique ou physiologique, de la rencontre avec des personnes qu’on pense être différentes de soi…
- La difficulté sera de trouver des correspondances dans les images trouvées sur la web, des lieux, des attitudes, des tenues vestimentaires communes à notre culture et notre époque, dans lesquelles l’élève se reconnaît sans pour autant être lui-même, pour relater un évènement personnel et singulier de la vie d’un collégien à la rencontre de l’altérité.
Atelier d’un groupe de 3e avec Michel Jocaille : « Dissolution du portrait », mise en scène des élèves face à une surface réfléchissante et déformante pour obtenir des portraits photographiés accompagnés par un travail d’écriture de description personnelle anonyme.