Michel Séméniako – Photographe – Collège Boris Vian – COUDEKERQUE-BRANCHE – Juin 2017

Michel Séméniako, photo­graphe né en 1944 à Annecy, vit et travaille en région parisienne.

Depuis 1980, Michel Sémé­niako photographie de nuit des paysages, des architectures et des objets. Il privilégie les lieux de mémoire sur lesquels il intervient à l’aide de faisceaux lumineux. Pratiquant des temps d’ex­position très longs, l’artiste se déplace, sans jamais apparaître, dans l’espace photographié qu’il éclaire à la torche électrique. En redessinant des contours fictifs, en multipliant les directions d’ombre et de lumière, il sculpte des vo­lumes qui transposent les objets et les paysages dans un univers oni­rique où les frontières entre visible et invisible, où réel et imaginaire s’entremêlent.

Michel Séméniako photogra­phie les paysages en s’interro­geant sur des questions liées à la perception du paysage et de la nature. Il amène le spectateur à regarder la nature de manière inhabituelle et à la redécouvrir avec un autre regard. Huit photographies issues de la série Nuit Blanche seront donc empruntées au CRP (Centre Régional de la Photographie) de Douchy-les-Mines, pour notre prochaine exposition eroa afin de découvrir une partie du travail de Michel Séméniako.

La série Nuit Blanche a été réalisée lors d’une résidence, dans le cadre du programme “Déve­loppement Social des Quartiers“, en partenariat avec le CRP, pen­dant laquelle Michel Séméniako a mené une réflexion sur la perte d’identité à travers cette esthé­tique nocturne.

Cette série a été produite en 1990, il s’agit de photographies en noir et blanc. L’artiste met au point une méthodologie alliant paysage nocturne et relation sociale “entre identité et altérité“. Inventeur d’image et de lumière, il photographie de nuit, les architectures et les paysages, en privilégiant les lieux de mémoire. Ce “sculpteur de volume“ s’interroge sur les frontières de perception mais aussi sur le tissu social. Ces lieux sont imprégnés de souvenirs, ils sont aussi l’espace privilégié de moments de rencontre, de rêve, de méditation, de questionnements d’instants de vie quotidienne. Mais est-il possible de célébrer le paysage, de communiquer par l’image le sentiment d’une ville ?

Le procédé photographique utilisé par l’artiste lui permet de rendre plus abordable, plus visible ce qu’il ressent. A travers ce travail photo­graphique, Michel Séméniako arpente, explore ce qui est fragile et presque imperceptible, tel un “veilleur de nuit“ qui serait un peu magicien révélant des trésors oubliés. Ces images portent toutes la trace d’un acte d’une simplicité mystérieuse.

Le photographe s’attache à la création d’univers imaginaires, dans lesquels la fantaisie se mêle à l’utopie tout en continuant de sublimer les aspects d’une nature qu’on aimerait immuable. C’est ainsi que d’images en images, de métamorphoses en métamorphoses, la nature nous apparaît tour à tour aménagée, dégra­dée, mais aussi réinventée. Tout en restant fidèle à sa vocation première : représenter le réel, la photographie exerce également sa liberté de contestation, de célébration, de défiance, elle maintient notre regard en éveil.

Fanny Rougerie