L’exposition « La cimaise et la Fraction » présente des dessins, de taille moyenne, de grands ou de très grands formats réalisés par le duo d’artistes : Mrzyk & Moriceau (courtesy Air de Paris). On ne peut pas différencier le travail de l’un ou de l’autre, leurs traits sont identiques et fusionnels. Les dessins semblent simples et pourtant très maitrisés, humoristiques et pourtant grinçants, ou parfois inquiétants. Les artistes n’hésitent pas à pousser l’ambigüité jusque dans la scénographie de leurs expositions où le spectateur évolue dans un environnement graphique, ils peut y avoir des images géantes, des cadres qui envahissent les coins, saturent les murs, contaminent le plafond. L’exposition et les images semblent alors vivantes, animées…. deux dessins bavardent dans un coin, d’autres s’échappent de leur série, un mur noir libère l’imagination des élèves. Le titre « La cimaise et la fraction » permet de faire le lien avec les jeux « oulipiens » de Raymond Queneau. L’Oulipo (OUvroir de LIttérature POtentielle) fut notamment créé par Queneau, au sein du collège de Pataphysique, afin de réunir des auteurs et inventeurs de contraintes littéraires, « à la recherche de formes, de structures nouvelles et qui pourront être utilisées par les écrivains de la façon qui leur plaira ». Ce texte, est une réécriture de la fable La cigale et la Fourmi en utilisant la contrainte « +7 », chaque mot est remplacé par le 7ème mot apparaissant dans le dictionnaire. La nouvelle fable obtenue à partir d’une sorte de « hasard logique » provoque des chocs poétiques. Les dessins des artistes semblent issus du même genre de substitution ou de variations. La cimaise faisant écho à des expositions imaginaires, la fraction à un certain vocabulaire artistique du XXème siècle (Marcel Duchamp, Bertrand Lavier). … Tout étudie bien qui flaire bien…
Sébastien Bruggeman