les débuts de l’installation
Stéphane Benault crée, in situ, un bureau d’asile poétique qui, pour prendre vraiment sa place et son sens, demande à être activé par le visiteur.
Tous deux transmettent aux visiteurs des rôles d’acteur, d’activateur, de créateur…
Entre le 9 et le 19 mai 2006, cette installation donnait l’occasion de créations d’images poétiques et d’échanges.
S.Benault, par la construction et l’ordonnance du bureau, proposait des techniques de fabrication d’images, par collage, décalage, projection et superposition…
Lucien Suel présentait des recettes, des modes d’emploi pour faire de la poésie sans complexe, pour jouer avec les mots, les phrases…
Une certaine quantité de matériaux divers et variés était à disposition du visiteur-acteur : papiers, tampons, banque d’images, ciseaux, colle, crayons, marqueurs, magazines, livres, projecteurs, etc… Des élèves de huit classes ont participé à ces ateliers de création, accompagnés et sollicités par les deux artistes.
Durant ces séances, les élèves ont changé leurs habitudes et expérimenté d’autres supports et formats : post-it, colonnes, murs, tableaux, pages de vieux manuels ou de livres de récupération, affiches éditées par le BAP ; ils ont exploité le collage, l’écriture, l’association d’idées et d’images, le hasard, l’humour, le décalage, le détournement ; ils ont pu utiliser le projecteur ou l’épiscope. Ils se sont investis dans des recherches d’images pour réaliser les collages et les affiches. En proximité avec l’artiste invité, ils ont réfléchi à leurs choix pour lier leur travail à la réalité quotidienne dans le quartier et la ville, pour regarder autrement la rue, le ciel ou leur collège.
Changement d’habitudes, changement d’attitudes aussi : travailler debout, se déplacer en autonomie dans l’espace du bureau, respecter d’autres contraintes à travers les modes d’emploi proposés et activés par les artistes et les acteurs de l’exposition.
En arts plastiques, il s’est agit de découvrir ou de redécouvrir les contrastes, les oppositions, les changements d’échelle, l’espace en 2 dimensions et son organisation ; de prendre en compte l’aléatoire et l’inattendu, les correspondances et les discordances entre l’image et le mot, la réalité et l’imaginaire.
En cours de français, 3 classes de 6° et 4° ont appris à créer des poèmes ; certains ont tenu leur « carnet de poèmes ».
En atelier, le travail, ludique et sérieux tout à la fois, a permis, par les modes d’emploi proposés, d’oser écrire ou simplement tenter d’écrire, lire à voix haute devant les autres, apprendre à écouter et à articuler.
Les jeux formels pratiqués nous incitaient à mettre des mots et des images sur des expériences et des émotions personnelles.
Les élèves d’une classe de 5° ont créé leur lettrine pour un abécédaire en lien avec leur programme d’histoire et de français pour relier la fabrique du récit aux épopées et enluminures du moyen-âge.
La disponibilité des intervenants ainsi que la diversité des entrées possibles dans ces jeux entre l’écriture et les arts plastiques ont favorisé les rencontres et les expressions personnelles.
Marie-Noelle Vilain, professeur d’arts plastiques.