Une bonne centaine de personnes a répondu présent au dernier rendez-vous culturel et artistique de notre collège : le vernissage de notre eroa (Espace Rencontre avec l’Oeuvre d’Art), réunis autour des élèves, de leurs professeur et de Virginie Maillard, qui venait cette fois présenter ses œuvres de la série anamnésie land, après être venue travailler début janvier avec des élèves de 3e lors d’un workshop.
Les magnifiques photographies de Virginie Maillard présentent des lieux proches que l’on reconnaît ou plus lointains : des no man’s land, des espaces construits puis abandonnés au gré des mutations économiques ou politiques. Ils se retrouvent affublés par son travail numérique, d’enseignes lumineuses aux messages ironiques qui interrogent le spectateur. « Comment accepter le monde tel qu’il est ? Perte des valeurs, perte de sens, nous sommes dans une société absurde. Je préfère en rire ».
L’artiste a partagé son goût pour ces lieux à l’écart, pour sa vision décalée des choses avec les élèves du workshop, qui ont poursuivi avec elle le travail et la réflexion. Ils ont bénéficié d’une séance de prises de vue aux alentours du collège avec elle , et d’une autre pour les retravailler numériquement et utiliser artistiquement des enseignes lumineuses de la société de consommation pour d’autres fins que celles publicitaires cette fois. Ils ont pu exposer leur travail à leur tour lors du vernissage.
Les photographies de Virginie Maillard trouvent un contrepoint dans la vidéo envoûtante d’Arash Nassiri présentée dans la salle d’exposition. Elle propose, grâce à des images vidéos achetées en lignes, un lent survol nocturne en drône de Los Angeles , ville de lumière. Mais la ville se transforme sans qu’on s’en rende compte : des immeubles de la ville de Téhéran sont incrustés parmi ceux de la ville Californienne, et les enseignes lumineuses de la ville iranienne se mêlent à celles publicitaires de Los Angeles. Le spectateur glisse visuellement et virtuellement dans un espace hybride, américano-iranien, tandis qu’il entend et lit en voix off sous titrée, des conversations téléphoniques captées sur skype dans lesquelles des expatriés iraniens évoquent leurs souvenirs parfois douloureux à Téhéran. Tehran-Geles, c’est le titre de cette vidéo et le nom de ce territoire utopique qui unit symboliquement et virtuellement deux pays qui continuent à se déchirer, comme en témoigne malheureusement l’actualité.
Les autres élèves du collège ont eu l’occasion de présenter leurs productions lors du vernissage. Elles questionnent des problématiques à l’oeuvre dans les réalisations des deux artistes :
détournements de lieux, critique de la pollution visuelle des enseignes, traversée du portail temporel, hybridation des espaces naturels et artificiels, qui a donné lieu plus généralement à une réflexion d’ordre écologique. Cela a même conduit les élèves à produire des jeux qu’ils ont expérimenter avec les spectateurs : une forme d’œuvre participative.