Au moment de l’installation de ses œuvres l’artiste associée, Yosra Mojtahedi, a expliqué aux élèves l’importance de l’obscurité dans son travail et la nécessité de moduler la luminosité de l‘espace d’exposition. Cette pénombre renvoie d’une part à l’obscurantisme religieux et la censure qu’elle a éprouvé au début de son parcours en Iran. Mais l’obscurité est également pour elle une atmosphère propice à l’éveil des sens. Une plus grande acuité est attendue du spectateur plongé dans le noir : il doit plisser les yeux et se fier à son ouïe ainsi qu’à sa proprioception. Un temps d’adaptation est nécessaire, il faut apprivoiser l’ombre. Une intimité, propice à la proximité physique, se crée alors avec ses œuvres pour la plupart tactiles.
En supplément des visites traditionnelles, les élèves du lycée en charge de la médiation ont proposé d’effectuer des visites à la lampe torche. La salle d’exposition a été plongée dans l’obscurité et les lycéens ont guidés progressivement les visiteurs. Des lectures des poèmes issus des livres d’artistes prêtés par la médiathèque Simone Veil de Valenciennes ont également été proposées. Faire résonner les mots dans la pénombre a été une expérience puissante d’autant que les vers énoncés entraient en écho avec les œuvres de Yosra Mojtahedi.
Lycéens, parents, élèves des collèges avoisinants et professeurs ont ainsi pu bénéficier de visites atypiques dans une ambiance feutrée. En suivant le faisceau de la lampe torche, les spectateurs se sont montrés plus attentif aux détails. Les guides ont quant à eux jouer avec le chemin du regard suscitant la curiosité et l’attente du dévoilement. La sculpture chaude et granuleuse « tombée du ciel » représentant une météorité, a pu être appréhendée de manière tactile révélant toutes les subtilités de sa matérialité.
Sarah Coquelle – professeur d’arts plastiques