JULIEN POIDEVIN -LA MONTE YOUNG – Corps sonores – Présentation du projet – Lycée Paul Hazard – ARMENTIERES – 2021

Julien Poidevin est issu de l’École Supérieure d’Arts Plastiques et Visuels de Mons (ESAPV / section IDM).

Artiste « intermedia », il travaille sur des dispositifs qui interrogent notre rapport au corps et au territoire en faisant appel à différents modes d’expressions. Ses créations explorent et questionnent notre rapport à l’espace et à la perception. Son travail se développe à travers un ensemble de projets complémentaires allant des paysages sonores, aux interactions du dedans et du dehors dans la traversée de territoires urbains, aux environnements synesthésiques sollicitant les corps, aux installations intermedia où des dispositifs audiovisuels immergent le spectateur, à la performance et à la production d’objets visuels ou en mouvement.

CORPS SONORES :

Il s’agit dans ce projet de s’interroger sur le corps comme émetteur et comme récepteur d’ondes, producteur de son et à l’écoute, et d’imaginer les manières de rendre sensible une onde. La notion de “corps sonore” invite à une approche plus anthropologique, phénoménologique ou psychologique du son. C’est bien des multiples relations entre le corps et le son dont il sera question dans les réalisations des élèves mais aussi dans les œuvres présentées.

Julien Poidevin travaille sur des dispositifs qui rendent visibles l’influence du son sur la matière. Ses œuvres sont souvent basées sur la captation de données ou de divers phénomènes, qu’il utilise comme matériau d’une transcription plastique afin d’interroger notre rapport à l’espace, au corps, à la perception dans des installations sonores, lumineuses et immersives.         

Lien pour visionner le reportage du FRAC :

https://www.youtube.com/watch?v=I_OHCOKnjIM

Avec les élèves de terminale enseignement de Spécialité, la proposition était de réaliser une installation sonore immersive dans laquelle des capteurs piézo-électriques sont actionnés par le déplacement du spectateur dans un labyrinthe pénétrable. Les vibrations captées sur les surfaces rendues sensibles par les micros piezo participent à une installation dans laquelle les sons, fortement amplifiés, sont comme distordus et résonnent en prenant un aspect et une matérialité devenue étrangère à leur mode de production (le frottement ou l’impact d’un corps sur une surface). Ces résonances elles-mêmes captées par les micros produisent des oscillations, des bourdonnements et le son produit, dans un phénomène de boucle, s’auto-génère. Au cœur de l’installation, des paysages sonores réalisées par les élèves questionnent la notion de corps sonore en explorant celles de corps social, de corps intime, de corps organique… Il s’agissait pour eux de se demander ce que le son traduit de nos états physiques et psychiques.

 Bâtie autour de l’œuvre Crossing Waves de Julien Poidevin qui occupe la partie gauche de la Chaufferie, l’exposition interroge les rapports entre le visuel et le sonore.                                                         

L’ œuvre de Julien Poidevin propose au spectateur de mesurer l’influence du son sur les molécules d’eau et par la même sur son propre corps dans une installation audio-visuelle hypnotique et générative (c’est à dire qui n’est jamais la même, qui évolue selon un programme informatique dont tous les paramètres ne sont pas contrôlés par l’artiste)

Les œuvres empruntées questionnent d’une manière plus générale les rapports entre musique et arts plastiques.

Ainsi l’œuvre de La Monte Young issue de la collection du F.R.A.C. Hauts De France sera l’occasion de découvrir les projets avant-gardistes, iconoclastes et poétiques du groupe Fluxus. A travers ces partitions d’actions (appelés « events ») ou les phénomènes extra-musicaux tels que “relâcher un papillon dans la pièce” ou “pousser un piano contre un mur” sont considérés comme déjà musicaux, ou d’intérêt sonore, dans la lignée de la pensée de John Cage et de sa fameuse pièce musicale « silencieuse » (appelée 4’33 »). Il s’agira de s’interroger sur la porosité des concepts de bruit et de musique et sur la notation musicale comme transcription toujours imparfaite d’un son, sur la liberté donnée à l’interprète d’une partition, ou sur la reproductibilité et la variabilité d’une l’œuvre pensée comme concept.

Le F.R.A.C. Hauts de France prête au lycée deux autres œuvres : l’une de l’artiste britannique Jeremy Deller consistant à une hybridation de la tradition syndicale des fanfares anglaises et de celle des rave parties qui libéraient une énergie libertaire en marge de la société Thatchérienne des années 80. L’autre œuvre, “Voir ce qui est dit” de Camille Llobet est une œuvre composée de deux vidéos réalisées avec Noha El Sadawy, performeuse sourde, durant les répétitions de l’orchestre du Collège de Genève. Placée à côté du chef d’orchestre à chaque répétition, la signeuse a cherché des manières de décrire, raconter, commenter l’orchestre en langue des signes. Les ressemblances entre ces deux langages, qui partagent à la fois une structure précise, technique, codée, et une grande part d’expression sensible permet d’interroger les notion de traduction et le paradoxe de traduire le son en silence.

Les estampes de la donation André Schweizer, conservées à la médiathèque Simone Veil de Valenciennes proposent quant à elles des liens entre formes plastiques et musicales, entre méthode de composition assistée par ordinateur et art génératif, et montreront comment les recherches plastiques de l’art concret s’appuient sur des notions musicales comme le rythme, l’accord, l’harmonie, la variation, l’onde…

Enfin, Le Fresnoy, studio National des Arts Contemporains prête une vidéo de Ismaël Joffroy Chandoutis traitant sous une forme à mi-chemin entre le documentaire et le film expérimental d’un phénomène de santé publique contemporain : l’électro-sensibilité, montrant dans sa forme même et dans l’utilisation du son que le réel s’étend au-delà de sa forme visible.

Lien pour télécharger le catalogue:

https://issuu.com/emiliencouvreur/docs/catalogue_pour_isuu

Emilien Couvreur, professeur d’arts plastiques