Les apprentis sorciers :la foule des grands soirs pour le vernissage de l’exposition eroa !
Parents, élèves, anciens élèves, une centaine de spectateurs ont fait le déplacement ce vendredi soir pour découvrir notre nouvelle exposition eroa intitulée « les apprentis sorciers ».
Parents, élèves, anciens élèves, une centaine de spectateurs ont fait le déplacement ce vendredi soir pour découvrir notre nouvelle exposition eroa intitulée « les apprentis sorciers ».
Par leur présence, ils confirment la citation de Robert Filliou qui nous sert de devise : » L’ART c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’ART ! «
Ils ont pu admirer les extraordinaires oeuvres empruntées au FRAC Grand Large Hauts de France de Dunkerque et au musée Sandelin de Saint-Omer, associées aux incroyables productions des élèves.
Les œuvres exposées questionnent essentiellement les objets qui nous entourent sous l’angle de la curiosité. Les artistes qui les ont produites ont ceci en commun qu’ils nous amènent à réfléchir sur le regard que nous portons sur les objets, sur leur possible poésie et sur leur relation à la nature.
Du magnifique plat d’apparat créé par Charles Avisseau, à la théière Nessie produite par Luigi Serafini en passant par les photographies d’Hervé Robillard, et les productions de nos élèves, une même tentation des artistes à jouer aux apprentis sorciers :
Charles Avisseau a cherché tout au long de sa carrière à trouver l’alchimie secrète qui lui permettrait de produire des émaux parfaits aux couleurs plus vraies que nature, pour donner l’illusion de présenter sur la table un morceau de nature : il est même allé jusqu’à installer chez lui un vivarium qui lui a permis d’imiter au mieux cette marre à canard grouillant de biodiversité, dans un plat destiné à de riches collectionneurs cherchant à épater leurs invités.
Luigi Serafini produit quant à lui des objets curieux voire incompréhensibles :
sa théière Nessie mêle réalité et fiction, objet et animalité, nature et culture dans une théière hybride étrange, de laquelle surgit un monstre. Cet objet aussi curieux que la vaisselle d’Alice au pays des Merveilles ou encore la lampe merveilleuse d’Aladin, nous rappelle que le monstre du Loch Ness, familièrement appelé Nessie, est tout droit surgit de l’imaginaire anglosaxon : aussi british que le tea time, il pourrait apparaître dans les vapeurs de thé.
Le codex Serafinianus, quant à lui, est sans doute l’un des livres les plus étranges du monde : peuplé de créatures hybrides curieuses et d’écritures secrètes et illisible. Une encyclopédie d’un monde totalement imaginaire, qui questionne néanmoins notre réalité et ses objets. Comment ne pas voir par exemple dans l’art de faire pousser une chaise représenté sur la page que nous avons choisie de présenter, une réflexion sur la nature de nos objets et sur les ressources naturelles associées qui s’épuisent et que nous nous devons de préserver.
Hervé Robillard pose son regard de photographe sur les objets : ceux à l’image dans les photos qui nous sont prêtées par le musée Sandelin de Saint-Omer sont à peine identifiables. L’artiste met notre curiosité en éveil en jouant avec l’ombre et la lumière, le cadrage et le point de vue, dans la chambre d’inspiration japonaise qu’il a créée pour ses prises de vue. Il révèle une toute autre facette des vaisselles, et épées, un monde a mi chemin entre le paysage, le minéral et l’espace intersidéral.
Hervé ROBILLARD nous offre avant tout un voyage en noir et blanc entre le réel et l’imaginaire, l’objet et son apparence.
Quant aux élèves, c’est avec délectation qu’ils ont joué avec les objets, en les détournant, en les comparant à des animaux dans leurs poésies, en leur imaginant une vie propre sur une autre planète que la nôtre : la planète sauvage, inspirée d’un film que les classes de troisième ont découvert aujourd’hui à l’area d’Aire sur la Lys. Travaillant la question de l’hybridation, ils ont imaginé tout un bestiaire fantastique tant en français qu’en arts plastiques , et sur la question du monstre, notamment celui de Loch Ness, ils l’ont cherché dans les formes de leur univers quotidien pour nous le révéler non sans humour et dérision. Les élèves de 6e produisent actuellement en français et en arts plastiques et avec l’aide de notre documentaliste un codex qui réunira tel une encyclopédie, leurs monstrobjets : créatures imaginées sur la base du photocollage, auxquelles ils ont donné un nom en créant un mot valise. Ils ont aussi produit des courts-métrages en stop motion dans lesquels les objets quotidiens ont des pouvoirs maléfiques. Christine Charpentier viendra poursuivre cette thématique des monstres et des objets en leur contant au coeur de la salle d’exposition des histoires associées aux œuvres. Enfin la classe de 6e1 approfondira son travail autour des techniques d’animation en produisant collectivement dans la salle d’exposition un petit film qui sera valorisé et mis à l’honneur par une diffusion au FRAC grand large hauts de France de Dunkerque au printemps.
L’art est un moyen de se questionner :
Plutôt que de produire des objets en série à l’infini, de les consommer sans vergogne et de les considérer comme des banalités, ne pourrions nous pas nous y attacher, les observer et y retrouver une part de rêve et de nature ?
Terminons par une citation d’Alphonse de Lamartine, qui conclut merveilleusement cette réflexion et qui montre que dès le 18e siècle on s’interrogeait sur la nature des objets :
« Objets inanimés avez-vous donc une âme, qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
Mme Lheureux
Contes monstrueux et étranges œuvres d’art
Jeudi 07 et vendredi 08 février, la conteuse Christine Charpentier avait donné rendez-vous aux élèves de 6ème, dans la salle 17 qui accueille depuis le 12 janvier l’exposition eroa « Les apprentis sorciers ». Elle s’est appuyée sur le caractère insolite de chaque œuvre exposée pour leur raconter des histoires de créatures terrifiantes, et réunir ainsi deux thèmes au programme de 6ème, en français : le monstre et en arts plastiques : l’objet.
Christine s’est d’abord intéressée au plat d’Avisseau. Ce plat qui représente une mare à canard peuplée de nombreux animaux, est devenu le festin que Marie Grouette a offert à deux de ses amis monstrueux du fond des eaux : la Tarasque et l’affreux homme du Hoyoux. Beaucoup d’élèves connaissaient notre légende locale Marie Grouette, mais peu savaient pourquoi cette prétendue sorcière attire, avec son groët, les enfants au fond du marais. Ils ont également découvert l’histoire de la Tarasque, monstre hybride qui semait la terreur en Provence, sur les rives du Rhône, sorte de serpent-dragon à l’haleine fétide, fille de deux autres monstres épouvantables : le Léviathan et la Bounge. La conteuse leur a raconté comment elle a été conçue et comment elle est morte. Enfin, en ce qui concerne le dernier invité au repas de Marie Grouette : l’affreux homme du Hoyoux, les élèves ont appris que ce monstre qui hante la rivière Hoyoux, en Belgique, entraîne ses victimes dans l’eau et leur mange le coeur. Mais la conteuse a expliqué comment une vieille guérisseuse a réussi à lui échapper. Quoiqu’il en soit, et pour en terminer avec le plat d’Avisseau, Christine a précisé qu’elle n’aurait pas aimé partager ce repas en si mauvaise compagnie…
Ensuite, elle a attiré l’attention de son auditoire sur la théière Nessie de Luigi Sérafini, en forme de soucoupe volante gardée par un serpent. Elle a révélé, qu’en fait, à l’intérieur, se trouve l’escarboucle de la vouivre. Ce serpent ailé, porte en effet sur son front une pierre précieuse appelée escarboucle. La vouivre la dépose au bord de l’eau quand elle se baigne et la fait garder par des serpents. Christine a fait le récit des aventures de Barberot qui, pour obtenir la main de celle qu’il aimait, a essayé de voler la pierre et a risqué sa vie. Elle a mis en garde les élèves et leur a conseillé de ne surtout pas prendre une escarboucle s’ils en trouvaient une…
Puis, elle leur a demandé de venir regarder le codex Sérafinianus, ce livre à l’écriture incompréhensible et illustré d’images d’êtres étranges. La page ouverte sur une illustration d’hommes « recousus » lui a donné l’idée de raconter l’histoire du docteur Victor Frankenstein et de la créature qu’il a créée.
Enfin, Christine a choisi l’une des photos de Hervé Robillard, accrochée au mur, qui donne l’illusion de représenter des planètes et la lune, et a terminé son spectacle par le conte de Bolazec. Ce berger, un soir de pleine lune, trouve un carnet rouge et en le lisant se métamorphose en loup…
Deuxième mise en garde de la conteuse : ne pas lire de grimoire de sorcier sans prendre de précautions…
Même, s’il était question de créatures effrayantes pendant cette heure de contes, les sixièmes se sont bien amusés des mimiques et des réparties amusantes de Christine. Mais elle les a aussi encouragés à réfléchir sur la définition du monstre, l’importance de l’art qui fait naître des émotions, la limite des progrès scientifiques et l’amour comme remède de bien des maux. A en croire leurs sourires et leurs commentaires enthousiastes en sortant de la salle, les élèves ont passé un agréable moment.
S. Héduy