Pour ce deuxième EROA avec le musée de Gravelines j’ai sélectionné des estampes dont la nature du geste révélait deux manières différentes de procéder : un tracé spontané ou exercé au contrairedans la retenue. Cela m’a permis de travailler sur un axe du programme : les effets du geste et de l’instrument, la mise en œuvre de l’amplitude ou de la retenue du geste, sa maîtrise ou son imprévisibilité.
Dès lors le tracé vif, rapide, mais néanmoins subtil, de Nathalie Grall et de Jean Messagier contraste avec les estampes des artistes chinois HUANG Jin wei et LIN Dunxi qui se démarquent par un tracé plus lent et contenu. Différents types de gestes de nature variées s’alternent, à l’instar de Didier HAMEY.
Une presse a été loué afin de permettre à tous les élèves d’expérimenter la technique de la gravure. Je voulais travailler à partir des sujets ou texte observés en cours de français. Les incitations étaient donc en lien avec ces entrées de programmes :
- 6eme « Le monstre, aux limites de l’humain » (avec l’étude Frankenstein et de Quasimodo pour une classe). « Le genre de la fable » (avec l’observation des fables de La Fontaine pour deux autres classes).
- 5ème « L’être humain est-il maître de la nature ? ». Les élèves questionnent la relation de l’homme face à la puissance de la nature et abordent la notion de nature idéale en poésie. J’ai donc demandé aux élèves de représenter une nature puissante, extraordinaire (tempête, tsunami…) et d’en faire ressentir la force.
- 4ème « Dire l’amour ». Comment représenter le sentiment sans utiliser de clichés (tel des cœurs?) Les élèves de 4ème ont répondu à cette problématique en réalisant des images avec des outils graphiques et picturaux et celles-ci ont été reprises en gravure.
- 3ème « Agir dans la cité, individu et pouvoir ». Les élèves ont réfléchi à des thèmes actuels, des faits ou des sujets observés en cours de Lettres en faisant valoir leurs opinions. Ainsi, ils ont fait preuve d’esprit critique en dénonçant à travers un travers de notre société ou en faisant valoir, au contraire, une critique positive.
Les élèves ont pu questionner la représentation et le rapport texte / image en représentant une image à partir d’un texte choisi avec mes collègues de Lettres sur un format de petite taille (A5 ou A6). Ils pouvaient utiliser les outils de leurs choix (graphiques ou picturaux). Puis ils ont poursuivi leurs images par le biais de la gravure en utilisant des plaques transparentes et des pointes sèches. Ils se sont alors retrouvés face à leur désir d’agir sur le support, de laisser trace, d’affirmer des aspects physiques, matériels, gestuels, tout en répondant à des contraintes liées à la représentation plastique puis à la technique de la gravure. Ils devaient mettre en œuvre des principes d’organisations et d’agencements plastiques explicites pour raconter ou pour s’exprimer. Une part accordée à l’imprévue et une possibilité d’avoir recours à l’abstraction ont ouvert des possibilités d’expression. Les élèves ont donc expérimenté les possibilités de la gravure, découvert la part d’inattendu qui émane de ce procédé. Ils ont pu effectuer une investigation des relations entre quantité et qualité de la couleur (interactions entre format, surface, … teinte, intensité, nuances, lumière, etc. et les dimensions sensorielles de la couleur). Ils ont appris à tirer parti des interrelations entre les médiums et les techniques à des fins expressives en retravaillant leurs illustrations en gravure. Les créations des élèves ont été accompagnées d’une note d’intention pour travailler sur les compétences relatives à l’expression et l’analyse de ses réalisations plastiques.
Le rapprochement arts-plastiques – lettres a inscrit ces actions dans le cadre d’un EPI donnant ainsi la possibilité aux élèves de 3ème de présenter leur production au DNB. Par ailleurs, une exposition au musée de Gravelines intitulée « Gustave Doré, les livres illustrés » a été organisée pour des élèves de 6ème et de 5ème afin d’observer le lien fascinant entre le texte et l’image auprès d’un artiste de grande renommée tout en participant à des ateliers de gravures proposés par le musée dans un espace dédié.
Marc GOEDERT, enseignant en arts plastiques.